Vous participez aux instances dirigeantes d’ENSTA Paris depuis 2007, mais à quand remontent vos premiers contacts avec l’École ?
Polytechnicien et ingénieur de l’armement, je devais compléter ma formation dans une école d’application de l’X. Mon choix s’est porté sur ENSTA Paris car c’était l’école qui, déjà, offrait le plus de flexibilité dans l’organisation des études. J’ai eu la chance d’y arriver en 1983, au moment où l’École accueillait ses premiers calculateurs dignes de ce nom, des HP 1000. J’ai choisi un cursus de formation par la recherche en travaillant sur un programme concernant l’analyse et la synthèse de la parole. C’était captivant !
Quels principaux temps forts retenez-vous de ces 16 ans passés au service de la communauté ENSTA Paris ?
Il y en a bien sûr eu de très nombreux mais j’en retiendrai quatre.
Le premier, c’est la rédaction du plan stratégique lorsque je suis arrivé à la présidence du Conseil d’administration en 2007. C’est toujours un exercice difficile de se projeter dans l’avenir, imaginer sur quels grands axes il sera pertinent de capitaliser les savoirs. Ce plan stratégique était déjà porteur de l’ambition d’installer l’École à Palaiseau, et proposait des pistes sur la façon dont les laboratoires d’ENSTA Paris pourraient coopérer avec les autres laboratoires déjà présents sur le plateau de Saclay. J’ai la satisfaction de voir que, pour l’essentiel, nous avions bien anticipé les choses et esquissé des collaborations qui fonctionnent encore aujourd’hui. Bien sûr, le mérite en revient essentiellement aux enseignants-chercheurs, qui ont su se saisir de ces opportunités et les faire fructifier.
Deuxième temps fort, l’étape décisive de la construction du campus de Palaiseau. Hervé Morin, ministre de la Défense qui a posé la première pierre, a prêté une attention toute particulière au bien-être des étudiants. Il a veillé auprès des architectes à ce que les logements soient spacieux et agréables, le tout au sein d’un campus verdoyant et en avance sur son temps en matière de préoccupation écologique, avec les toitures végétalisées, la géothermie et les panneaux solaires, des efforts dont témoigne la certification Haute qualité environnementale du bâtiment École. Nous avons vraiment été précurseurs dans ce domaine.
En troisième lieu, et celui-ci me tient particulièrement à cœur, je citerai la création de la filière ENIT-TA. Je me souviens encore très bien de mon premier voyage à Tunis pour rencontrer les responsables de l’ENIT, et imaginer ensemble ce parcours de coopération exemplaire. Je suis vraiment très heureux d’avoir initié ce partenariat.
Enfin, j’ai toujours beaucoup apprécié le rendez-vous du concert du nouvel an, moment de rencontre important qui démontre toute la diversité et la richesse culturelle de la communauté ENSTA Paris. Les étudiants et étudiantes d’ENSTA Paris sont connus pour exceller dans les matières scientifiques, mais ce concert est la preuve qu’ils sont également doués dans bien d’autres domaines, comme en témoigne la très riche vie étudiante de l’École, autre facteur essentiel de son rayonnement.
Quelle a été selon vous l’évolution la plus significative d’ENSTA Paris au cours de ces dernières années ?
Sans conteste sa participation, en tant que membre fondateur, à la création de l’Institut Polytechnique de Paris. Ce regroupement vient décupler les synergies que nous avions envisagées lors du projet d’installation à Palaiseau, et augmenter considérablement le rayonnement de l’École en tant que partie prenante d’un véritable pôle d’excellence académique et de recherche. Pour développer les savoirs et les technologies de demain, nous aurons besoin de toujours plus d’interdisciplinarité, de coopération entre les différents univers de recherche pour véritablement révolutionner le monde. L’institut Polytechnique de Paris est à la bonne échelle pour cela.
Vous quittez la présidence d’ENSTA Alumni alors que l’École est engagée dans un projet de fusion avec ENSTA Bretagne. Comment ce projet est-il accueilli par les alumni ?
Ce projet est très bien accueilli par les anciens élèves car ceux-ci n’ont qu’un objectif : s’assurer que les projets de l’École permettent de continuer à valoriser la communauté ENSTA Paris. Plus l’École rayonnera, plus les alumni seront satisfaits, et c’est toute l’ambition de ce projet de fusion que nous avons très soigneusement analysé et pour lequel nous avons fait de nombreuses recommandations. Ce projet ambitieux permettra de répondre aux besoins de plus en plus grands du pays et des entreprises en ingénieurs généralistes de premier plan, car les deux ENSTA sont dans les mêmes continuums thématiques et technologiques. Si cette fusion est décidée par la tutelle, elle nous permettra de capitaliser sur nos expertises et de valoriser encore mieux l’École sur ses domaines traditionnels tout en la projetant dans l’avenir.
Quels seront les principaux défis pour la future ENSTA ?
Ils seront principalement d’ordre académique. Les enseignements devront constamment s’adapter aux besoins des entreprises et du pays, que ce soit en matière d’orientation vers une économie décarbonée ou de réindustrialisation. La défense restera aussi un domaine d’application majeur de l’École, qui devra préparer ses diplômés à développer les technologies indispensables au maintien de la souveraineté du pays dans tous les domaines. Après tant d’années passées à leur contact, j’ai pleinement confiance dans la direction, les personnels et enseignants-chercheurs d’ENSTA Paris pour accomplir cette mission avec succès.
« Toute la communauté ENSTA Paris se joint à moi pour remercier Dominique Mockly de son engagement au service de l’École, exceptionnel tant par sa durée que son étendue. Si ENSTA Paris tient aujourd’hui une place de premier plan parmi les établissements d’excellence en formation, recherche et innovation, elle le doit à sa contribution lorsqu’il était président du Conseil d’administration et du Conseil d’orientation de l’École. Quant au maintien du lien si précieux qui unit ENSTA Paris et ses diplômés, je sais qu’il a été l’objet de toutes ses attentions en tant que président d’ENSTA Alumni, en particulier dans cette séquence cruciale de préparation du projet de fusion des deux ENSTA. »
Élisabeth Crépon, directrice générale d'ENSTA Paris
Laurent Thieffry, ENSTA Paris 1990, a été élu Président d'ENSTA Alumni le 22 juin 2023, il succède ainsi à Dominique Mockly.