Parmi ses lectures de jeunesse, Tristan Kalos a été très marqué par l’œuvre de Jules Verne : « Les romans de Jules Verne, que j’ai tous lus y compris les moins connus comme les 500 millions de la Begum, ont été fondateurs dans ma volonté de devenir ingénieur, de créer quelque chose. A la base de chaque roman de Jules Verne, il y a une invention, une idée révolutionnaire par rapport aux conceptions de l’époque. C’est cette créativité sans limite qui m’a donné envie de devenir un inventeur. »
Après une prépa au lycée Blaise Pascal d’Orsay, Tristan Kalos intègre le cycle ingénieur d’ENSTA Paris. À l’issue de la première année de tronc commun, il choisit la majeure « Mathématiques appliquées », avant d’opter en troisième année pour le parcours « Intelligence artificielle ». « J’ai choisi un parcours très hybride entre mathématiques et informatique, ce qui sans le savoir préfigurait parfaitement le profil de la startup que j’allais créer, Escape. »
En troisième année, Tristan Kalos suit également le profil « Entrepreneuriat – Intrapreneuriat », formation en innovation et entrepreneuriat articulée autour d’un projet en équipe encadré par coaching. « Notre projet visait à constituer une flottille de drones capables de se rendre très rapidement sur les lieux d’un accident sur autoroute afin d’évaluer les moyens à mobiliser. Nous avons gagné le prix « Une nuit pour entreprendre » de l’École des Ponts. Ce parcours m’a été très utile car il m’a permis de commencer à me poser les bonnes questions sur ce qu’impliquait le fait de créer une entreprise, et pas uniquement sur les aspects techniques et produits, comme on a naturellement tendance à le faire quand on est ingénieur. Il faut aussi penser aux clients, aux investisseurs, au marketing… »
Une formation initiale que Tristan Kalos complètera avec les formations spécialisées d’excellence que sont le Master X-HEC Entrepreneurs et un passage par la prestigieuse Université de Californie à Berkeley.
En parallèle de ses études, Tristan Kalos travaille en tant que développeur pour TAEP, la junior entreprise d’ENSTA Paris. Et une mésaventure survenue durant cette expérience va être déterminante pour la suite de son parcours : « Un jour, un client m’appelle complètement dépité et me dit « Tristan, la base de données est vide ! » Des hackers avaient réussi à rentrer dans l’application par le biais des API, les interfaces de programmation applicatives, et avaient volé toutes les données, laissant juste une demande de rançon. »
Fort heureusement, Tristan avait procédé à une sauvegarde des données peu de temps avant l’attaque, si bien que les dommages furent limités. Mais l’alerte avait été chaude, ce qui amena Tristan à se focaliser sur les failles de ces fameuses API.
« Ces technologies sont extrêmement vulnérables aux hackers qui s’en donnent à cœur-joie pour mener des raids sur des établissements financiers, ou dérober des données personnelles. À l’époque, j’étais tout jeune développeur, encore étudiant, et pas parfaitement au point en matière de cybersécurité. J’ai cherché des solutions pour prémunir mes applications de ces attaques, mais elles n’existaient pas ! Il ne me restait plus qu’un choix : créer moi-même cette solution. »
C’est ainsi qu’est née Escape, créée avec Antoine Carossio (X 2016, HEC 2020).
« Notre idée était de créer un algorithme d’intelligence artificielle capable de détecter toutes les failles de sécurité dans les API, et d’expliquer aux développeurs comment les résoudre avant que les hackers aient le temps de les exploiter. Tout le monde nous expliquait que c’était impossible. Cela nous a pris une année entière de recherche et développement, mais nous y sommes arrivés.»
Devant cette incontestable réussite, les capitaux ont commencé d’affluer avec une première levée de fonds de 1,6 millions de dollars, réunis par un fond d’investissement français et des investisseurs franco-américains, fondateurs de sociétés côtées au NASDAQ, le marché des valeurs technologiques américaines.
Puis le 6 juin 2023, Escape a annoncé avoir levé 3,6 millions d’euros, un financement qui va permettre de doubler la taille de l’équipe en renforçant les équipes commerciales couvrant l’Europe et les États-Unis. La toute jeune société a également obtenu l’accompagnement de Y combinator, entreprise internationale de financement précoce de startups qui a notamment accompagné AirBnB, twitch ou Gitlab entre autres.
« Grâce au soutien initial, nous avons pu mettre au point l’algorithme et commencer à le commercialiser. Aujourd’hui nous commençons à gagner de l’argent, et nous sommes une douzaine à travailler à faire grandir ces revenus. Notre objectif immédiat est de nous étendre aux États-Unis, en ouvrant un pôle new-yorkais avec une équipe marketing et vente. Mais nous garderons notre R&D en France car les ingénieurs français, et en particulier ceux issus d’ENSTA Paris, sont excellents. Nous sommes très friands des stagiaires de césure ou de projets de fin d’études d’ENSTA Paris. Ils sont forts en code et ont une très bonne vision mathématique, notamment ceux qui ont fait de la recherche opérationnelle. Nos technologies ont largement recours à ces notions. »
Si Tristan Kalos est aussi élogieux sur les profils des étudiants ENSTA Paris, c’est bien sûr parce qu’il a lui-même bénéficié de cette formation :
« À ENSTA Paris, on apprend à structurer son raisonnement de façon très robuste, et c’est essentiel pour la suite. C’est à ENSTA Paris que j’ai appris ce qu’était vraiment la recherche & développement, à utiliser les sciences pour accomplir des choses réelles. J’y ai aussi rencontré des enseignants-chercheurs qui m’ont fait beaucoup évoluer sur la capacité à utiliser la science pour créer. »
Lorsqu’on demande à Tristan Kalos s’il a un conseil à donner aux étudiants ou jeunes diplômés d’ENSTA Paris, la réponse fuse :
« Je leur dirais d’être fiers de ce qu’ils ont fait, d’avoir réussi à intégrer cette école d’excellence. Je leur dirais aussi d’être ambitieux. Lors de chaque conférence de rentrée, il faudrait dire à nos étudiants de première année qu’ils auront la capacité de changer le monde grâce à la qualité de la formation qui va leur être dispensée. Le champ des possibles ouvert à la sortie d’ENSTA Paris est immense ! »